RAPPORT DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE SUR LES ÉVÉNEMENTS DE CONSTANTINE ( Extraits)

mai45002

 

Date:1945 | 5 | 26                                             Sélection et mise en page par l'équipe de Perspective Monde

En réaction aux événements du 8 mai 1945 en Algérie, le général de gendarmerie Paul Tubert, un membre de l'Assemblée consultative provisoire, est mandaté pour présider une Commission d'enquête. Son rapport, déposé plus tard en mai, fait un tour d'horizon des événements et propose 15 recommandations.

§ 3 - LES PREMIÈRES MANIFESTATIONS IMPORTANTES AVANT LA JOURNÉE DU 8 MAI À SÉTIF.

En ce qui concerne les jours qui ont précédé immédiatement le 8 mai, la Commission doit souligner que la journée du 1er mai fut un prétexte pour nombre de musulmans de manifester en réclamant la libération de MESSALI, l'indépendance de l'Algérie et la fin du colonialisme. Dans le département de Constantine, cette journée fut marquée par des cortèges spécifiquement musulmans à Bône, Bougie, Guelma, Philippeville, Souk-Ahras, Tébessa, Colle, Khenchela, Aïn-Beïda, Sétif. Ces cortèges distincts des manifestations syndicalistes suivaient les cortèges officiellement autorisés ou au contraire tentaient de les couper. À Sétif, 5.000 musulmans environ se dirigèrent vers la salle des fêtes où se trouvait la réunion syndicaliste en hurlant : "Messali ; Libérez Messali".


§ 4 - LE 8 MAI A SÉTIF

Le 8 mai au matin, une patrouille de police vient informer le Commissaire central que de nombreux indigènes se rassemblent autour de la mosquée. Le Sous-Préfet prévenu, convoque diverses personnalités musulmanes membres du bureau des Amis du manifeste. Le Sous-Préfet : M Butterlin, affirme avoir fait connaître à ces personnes l'interdiction de tout cortège à caractère politique et l'avis qu'elles seront tenues pour responsables de tout incident. Le Commissaire central se rend lui-même devant la mosquée et s'adressant à ceux qui paraissent diriger le cortège, il les avise que toutes banderoles ou pancartes à caractère politique sont interdites. Les organisateurs du cortège répondent qu'ils veulent défiler pour fêter la Victoire et déposer une gerbe au monument aux morts. M. Chauveau, ancien Commissaire de police à Sétif a déclaré que de nombreuses personnes prétendent que le cortège est parti de la mosquée, se dirigeant vers la ville, banderoles déployées avec les inscriptions : "Vive Messali" - "Pour la libération des peuples, vive l'Algérie libre et indépendante" - Libérez Messali"


§ 5 - CAUSES DIRECTES DE LA MANIFESTATION ET DES ÉMEUTES.

Sans vouloir en rien s'immiscer dans l'enquête judiciaire, la Commission a seulement constaté que bon nombre de manifestations se sont déroulées en Algérie les 1er mai et 8 mai, que toutes ces manifestations étaient à caractère exclusivement politique et avaient pour but de réclamer la libération de Messali et l'indépendance de l'Algérie. Elle a aussi constaté que seule la manifestation de Sétif du 8 mai avait tourné à l'émeute pour gagner les régions environnantes. Il faut souligner que les manifestants de Sétif portaient un drapeau algérien tricolore rouge (à la hampe) blanc et vert avec un croissant et une étoile rouges à cheval sur le blanc et le vert. Le drapeau a été saisi par la police. C'est aussi un fait que les musulmans de Sétif réclamaient l'indépendance de l'Algérie dans la ville dont Ferhat Abbas est conseiller municipal, où il exerce la profession de pharmacien et où ses partisans (Groupement des Amis du Manifeste) sont actifs et nombreux. La Commission a également retenu que les manifestants au nombre de 8 à 10.000 (chiffre donné par la police) étaient venus en grand nombre des campagnes environnantes


§ 6 - LES PARTIS POLITIQUES OU ASSOCIATIONS QUI ONT INCITÉ AUX MANIFESTATIONS

Il est un fait qui ne peut être discuté : les manifestants réclamaient la libération de Messali. D'autre part, des rapports de police signalaient depuis quelques mois qu'un accord paraissait conclu entre les "Amis du Manifeste", le "Parti populaire algérien" et "l'Association des Oulémas" réformistes. La conjonction des trois organismes apparaît donc comme redoutable. Sans connaître à quelle date exacte l'union des trois partis s'est réalisée, la Commission constate que le P.P.A. apportait à cette sorte de fédération son nationalisme intransigeant, son organisation clandestine poussée avec une ampleur et une minutie qui paraissaient insoupçonnées jusqu'à ces temps derniers et qui ont été révélées par une enquête dont le succès est à l'éloge des policiers qui l'ont menée.
Il résulte des rapports de police que le P.P.A. a pris une extension considérable et inquiétante ; qu'il a en Algérie une organisation très minutieuse et que - étant parti dissous depuis 1939 - il avait fait adhérer grand nombre de ses partisans aux "Amis du Manifeste", dont le chef est Ferhat Abbas. La Commission a pu constater que le noyautage des "Amis du Manifeste" par le P.P.A. avait été signalé par les services de renseignements qui en avaient dénoncé les dangers. elle se proposait de vérifier les mesures prises par la Haute Administration ou les suggestions qu'elle aurait pu adresser au Gouvernement pour empêcher l'extension d'un parti qui n'a jamais celé son caractère résolument hostile à toute souveraineté française.
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1731

 

 

 

 

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